L'Histoire du vin en France remonte à des siècles, voire des millénaires. Depuis plus de 1000 ans, ce sont de nombreux vignobles qui sont tenus par des ordres monastiques. Si la région viticole de Bourgogne demeure la plus fascinante, tant par son histoire que par la qualité de ses vins, Bordeaux s'est forgé une solide réputation au fil des siècles, en France comme à l'international.
L'origine du vignoble de Bordeaux, vieille de plus de 1000 ans
Il existe aujourd'hui peu de preuves témoignant du début de la culture du vin dans la région de Bordeaux. Il semblerait que les Romains en soient à l'origine. Les premières mentions relatives au vin et à la vigne sont attribuées à Ausonius, un poète du VIe siècle qui a donné son nom au domaine d'Ausone à Saint-Emilion. Mais de nombreuses pistes évoquent des plantations de vignes bien avant cette époque. Aucune preuve ne peut toutefois étayer ces hypothèses. Peu d'informations sont disponibles sur les décennies qui ont suivi. Ce n'est qu'au XIIème siècle que de réels ouvrages apparaissent et donnent aujourd'hui une idée concrète de ce qu'était la région viticole de Bordeaux à l'époque. Un certain nombre de régions identifiées aujourd'hui, en particulier les Graves mais aussi Blaye et Bourg, étaient déjà largement plantées. À la fin du XIIème siècle, la région de Bordeaux était sous domination anglaise. Le commerce du vin a ainsi été largement favorisé grâce à des avantages fiscaux accordés aux vendeurs français. Le coût des vins ayant été réduit, la demande a rapidement explosé en dehors de nos frontières. Ce n’est qu’en 1453 que l’exportation de vin a connu une lente décrue, qui est toutefois restée temporaire malgré la taxation importante des produits français exportés en Angleterre. Le traité de Methuen de 1703 a favorisé l'importation de vins du Portugal en Angleterre, ce qui a continué à entretenir l’engouement pour le produit. Le Médoc a ensuite été racheté par la riche bourgeoisie qui y construisit de magnifiques châteaux qui ont fait la réputation architecturale de la région. Les relations commerciales autour du vin sont alors au beau fixe et de nombreuses commandes affluent depuis l’Allemagne ou les îles britanniques. Au XIXe siècle, la rive gauche de Bordeaux était semblable à celle que nous connaissons aujourd’hui : une terre de crus classés.
1855, une année charnière pour Bordeaux
1855 marque l’arrivée du classement officiel qui a permis de classer les meilleurs vins du Médoc. Le but de cette classification était de promouvoir le vin de Bordeaux et d'informer les consommateurs sur les meilleurs vins à acheter et d’établir une véritable grille de prix. Depuis sa création, ce classement a été modifié une seule fois, une modification qui portait notamment sur le Château Mouton Rothschild, qui passe du statut de second cru à celui de premier cru. Le classement de 1855 a propulsé Bordeaux au rang de meilleure région viticole, aidée également par les négociants qui ont joué le rôle de banque pour de nombreux châteaux bordelais.
L’attaque de phylloxéra : une modification profonde des vignobles de Bordeaux
Après les plus grands millésimes classés en 1855, la région viticole a connu de grandes difficultés suite à diverses maladies et insectes qui affectaient les vignes, tels que le phylloxéra. Beaucoup de vignobles ont succombé à l'infestation. D'autres importations, notamment le mildiou, ont également balayé les vignobles dans les décennies qui ont suivi. Albert Macquin, le propriétaire du Château Pavie Macquin a contribué à développer et à promouvoir une solution consistant à greffer des porte-greffes américains, dont on a découvert qu'ils étaient résistants aux parasites, sur des vignes européennes. Certains cépages ont mieux répondu à cette greffe, c’est notamment le cas du Cabernet Sauvignon, du Merlot et du Cabernet Franc, qui sont aujourd’hui les principaux cépages plantés à Bordeaux. À l’époque, les vignobles étaient plantés de Petit Verdot et de Malbec, aujourd’hui minoritaires voire anecdotiques. Cette modification de l’encépagement a permis au Médoc mais aussi à d’autres appellations bordelaises, de voir la qualité de leur production grandement améliorée.
Les grands noms qui ont contribué à la gloire de Bordeaux
Bordeaux doit sa réputation à la qualité de ses vins et au savoir-faire de ses vignerons, mais aussi à quelques personnalités de l’époque.
Montesquieu et sa passion pour les Graves
L'air, les raisins, les vins des bords de la Garonne et l'humour gascon sont d'excellents antidotes à la mélancolie..." (Lettre à Guasco, 1755) Le grand Montesquieu était un amoureux de sa région natale. Ce Gascon à l'accent chantant, était en réalité un vigneron soucieux de la mise en valeur de ses terres, du succès des récoltes et de la vente de son vin réputé.
Thomas Jefferson, l’amoureux des vins de Bordeaux
Jefferson est rentré en Amérique en novembre 1789, peu après la Révolution française. Il est rapporté que Jefferson commandait des fûts et des bouteilles de vin au moins une fois par an et que sa famille consommait environ 400 bouteilles par an de Bordeaux blancs et rouges (environ 600 pendant qu'il était président).
Alexis Millardet, l’un des sauveurs des vignes de Bordeaux
Ce professeur de botanique de Bordeaux est un grand nom dans la région car c’est grâce à lui et son collègue chimiste Ulysse Gayon que la bouillie bordelaise a été mise au point, protégeant les vignes du mildiou.
Émile Peynaud, père de l’œnologie moderne
Émile Peynaud est à l’origine des plus grands principes de l’œnologie qui font encore aujourd’hui autorité dans tout le vignoble Bordelais. De la maturité des raisins jusqu’à leur récolte et leur vinification, tous les principes énoncés dans sa thèse de 1946 ont participé à l’essor du vin de Bordeaux en France et dans le monde.
Le Baron Philippe de Rothschild
Le baron Philippe de Rothschild a été le premier à instaurer la mise en bouteille au château qui est aujourd’hui l’un des critères déterminant lors de l’achat d’un vin de qualité. Il est également à l’origine du vin de marque et des étiquettes artistiques. Le travail de toute une vie du baron Philippe de Rothschild a été récompensé lors de la classification de son vin en Premier Grand Cru.